Entreprenariat Educatif Européen
      

Scientifique, pourquoi pas toi ?

Claudine Hermann
Professeure honoraire à l’Ecole Polytechnique
Présidente d’honneur de l’association Femmes & Sciences

Nous vivons plus vieux que nos parents, dans un monde où nous profitons de réalisations techniques audacieuses comme le viaduc de Millau, utiles au diagnostic médical comme l’Imagerie par Résonance Magnétique ou l’échographie, où les jeunes possèdent des baladeurs, leurs parents des téléviseurs à écran plat. Les scientifiques découvrent des planètes à l’extérieur du système solaire, les exoplanètes.

Ces performances scientifiques ou techniques sont le fait de personnes, des scientifiques femmes ou hommes, qui ne sont pas des professeurs Tournesol, ne ressemblent plus à Marie Curie ou à Albert Einstein, et ont aussi une vie personnelle originale en dehors de leur laboratoire. Ils ou elles ont en commun leur passion pour la recherche et pour la connaissance : lorsqu’une réponse apparaît au problème qui hantait leur esprit depuis un moment, des jours ou des mois, la même joie les envahit que la tienne quand tu découvres la solution d’une énigme policière !

Personnellement je suis une – encore - jeune retraitée après avoir été enseignante-chercheuse : ceci signifie que j’ai donné des cours de physique à 35 générations d’étudiants, en cherchant à mettre le savoir à leur portée et à les guider dans leurs questionnements sur leur avenir. Le reste de mon temps de travail a été consacré à de la recherche en optique des solides : on éclaire un petit morceau de solide à étudier et, en comparant les propriétés de la lumière qui y pénètre avec celles de la lumière qui en ressort, on déduit les phénomènes qui ont été provoqués dans le solide par cette illumination. Je n’ai pas eu le Prix Nobel, mais j’ai aidé à comprendre quelques propriétés liées au magnétisme et j’ai éprouvé le plaisir de la découverte, après des recherches souvent longues, dans une équipe solidaire de chercheurs et de techniciens. J’ai aussi mené une autre vie en parallèle, d’épouse, de mère de trois fils et de grand-mère de six petits-enfants.

Cette joie que j’ai éprouvée dans mon métier, je suis sûre que tu la trouveras si tu exerces un jour une profession scientifique ou technique. Ces métiers sont variés, il en existe pour tous les goûts : il y a de la place pour de l’abstrait et du concret, de la théorie et des applications pratiques.... Des chercheurs, des ingénieurs, des techniciens travaillent dans la recherche publique, mais aussi dans des entreprises publiques ou privées. Des portes ouvertes sont organisées chaque année, en particulier au moment de la Fête de la Science, vas-y pour te faire une opinion, tu seras sûrement conquis-e.

Contrairement à certaines idées reçues, ces métiers sont tournés vers le monde et ont pour la plupart une utilité sociale ou pratique. La biologie et la médecine, qui attirent beaucoup les filles, sont clairement dans cette catégorie, c’est également le cas des sciences dites « dures », qui ont permis la création des imageries médicales, du MP3, etc., et qui offrent de nombreux débouchés.

Pour accéder aux métiers scientifiques et techniques, les études ne sont ni plus difficiles ni plus longues que dans d’autres secteurs. Il existe de nombreuses passerelles entre études courtes en 3 ans - pour devenir technicien-ne - et longues en 5 ans – pour être ingénieur-e ; dans la recherche, on devient jeune professionnel-le après 5 ans d’études supérieures. En sciences et en techniques, on a la possibilité de se réorienter tout au long de la vie. Il faut acquérir des bases solides pendant sa jeunesse, pour pouvoir s’adapter en permanence car on se forme pour des métiers qui n’existent pas : par exemple, parmi ceux qui travaillent aujourd’hui sur internet, beaucoup ont fait leurs études à l’époque où ce moyen de communication n’existait pas encore.

En sciences comme dans les industries techniques, souvent des multinationales, l’environnement est international, d’où l’importance de maîtriser des langues étrangères, l’anglais étant indispensable dans ces domaines scientifiques et techniques. Et à force de voyager et de te passionner pour d’autres cultures, peut-être épouseras-tu un-e étranger-e ?

Et les filles dans ces secteurs ? L’Europe compte sur les femmes pour disposer de suffisamment de scientifiques pour atteindre une compétitivité égale ou supérieure à celle des Etats-Unis ou du Japon.. Nous ne sommes plus au temps des pionnières, mais les femmes, qui représentent le tiers des chercheurs de la recherche publique, sont encore en trop faibles proportions dans certaines disciplines. Pourtant de la collaboration entre femmes et hommes, entre filles et garçons, jaillit la richesse d’idées, la créativité. Les filles sont très bienvenues dans les études et les métiers scientifiques et techniques, de nombreuses entreprises font des campagnes pour les attirer (voir par exemple le site www.ellesbougent.com pour les secteurs des transports, de l’aéronautique et de l’espace).

Une formation scientifique minimale est indispensable pour que tu deviennes citoyen-ne responsable et pour que tu puisses faire des choix éclairés pour les problèmes complexes que notre pays devra résoudre demain, qu’il s’agisse de la gestion de l’énergie, de la préservation de l’environnement… Nous comptons sur toi !

Claudine Hermann

Professeure honoraire à l’Ecole Polytechnique

Présidente d’honneur de l’association Femmes & Sciences

Pour plus d’informations :

www.elles-en-sciences.org

http://www.femmesetsciences.fr/diaporama/diaporama.html


 

Dans son livre : "Virage européen ou mirage républicain? Quel avenir voulons-nous?", Nelly Guet démontre la sclérose du système éducatif français et fait des propositions européennes.