Entreprenariat Educatif Européen
      

La GRH à l'Education nationale entre contraintes et possibles

SLASH 21 : Liberté, responsabilité, autonomie pour l’élève

L’expérimentation SLASH 21 a eu pour but de lutter contre la démotivation des élèves [4], en mobilisant les connaissances disponibles sur le ”teaching”, le “learning”, et “l’organisation entrepreneuriale”, en s’affranchissant des traditions, en ignorant les régulations, tout en respectant les limites budgétaires et la périodicité des évaluations. Cette méthode a conduit à modifier complètement la répartition  des élèves, le positionnement du professeur , l’architecture des bâtiments scolaires et l’utilisation des TICE.

SLASH 21 a touché 150 élèves sur les 600 que compte le collège Marianum, faisant lui-même partie d’un ensemble de 13 établissements dépendant de la même institution : soit 35000 élèves et 3500 personnels. Le financement est public et l’établissement doit atteindre les objectifs fixés par le Ministère de l’Education. Il est toutefois libre de choisir les moyens pour atteindre les buts. Un fonds supplémentaire a été crée pour le lancement de cette expérimentation, de manière à assurer la formation des professeurs concernés. Par la suite – après 4 années - il a fallu fonctionner avec la dotation normale.

Le public est hétérogène : aucune sélection en fonction du niveau n’a été opérée.

Les élèves choisissent les disciplines qu’ils veulent étudier sur douze semaines, par exemple en anglais : 3h/jour et 4 jours /semaine. Il y a des blocs de trois à quatre semaines dans lesquels on peut trouver des matières fusionnées, par exemple la physique avec la SVT, les maths avec le néerlandais. Les 150 élèves se répartissent par groupes selon les tâches choisies.

Le professeur est entouré de huit autres adultes, tuteurs et assistants, qui assurent différentes fonctions : préparation du cours, entraînement, suivi individualisé, conseil, supervision, documentation, jeux de rôle…Ces neuf personnes travaillent en équipe et ont en charge les mêmes élèves pendant deux années scolaires, ce qui modifie profondément les relations entre adultes et élèves.

La relation triangulaire : professeur/élève/discipline cède la place à une relation d’un autre type : l’élève est au cœur d’une organisation apprenante (intégrant programmes, personnels, environnement) et dispose de multiples ressources : les livres, les outils électroniques (y compris les tests)  mais aussi et surtout les autres élèves et les tuteurs [4].

L’évaluation se fait entre autre par webquest (questionnaire à remplir à l’aide  de recherches sur internet, avec un programme spécialement conçu pour ce genre de travail), mais aussi lors d’une présentation régulière des résultats de la recherche par l’élève devant le groupe. L’enseignant et l’élève ont un entretien (coaching) deux fois par mois : il s’agit d’échanger les points de vue sur les résultats et la manière d’apprendre mais aussi de fixer des objectifs pour la période à venir. L’élève est jugé non pas sur ses résultats mais principalement, sur sa manière de travailler seul et aussi en groupe. L’enseignant rend compte de la progression aux parents trois fois par an. L’Inspection est chargée de l’évaluation externe. Les très bons résultats aux examens nationaux ont permis de voir que les buts étaient atteints (un seul échec). Vingt établissements hollandais se sont maintenant approprié la même démarche.

Le témoignage de Henk van Dieten, Principal du collège, nous éclaire sur le type de GRH mis en place : « L’inspection a manifesté une réelle volonté de coopération. Les parents ont été sollicités pour évaluer l’expérience, qui s’est révélée très concluante.

Ma tâche a consisté à faire en sorte :

•          Que les professeurs fassent confiance aux élèves

•          Que les parents et le monde extérieur fassent confiance à l’école

•          Que la direction fasse confiance aux professeurs

•          Que les élèves  se développent harmonieusement

•          Que les élèves apprennent beaucoup

•          Que les résultats continuent à être visibles »

SLASH 21 a aussi permis de développer de nouvelles pratiques dans des établissements nonexpérimentaux. Ainsi l’un de mes anciens élèves inscrit en seconde économique dans un lycée du Groningue m’a donné accès à son espace personnel de travail sur le site de son lycée. Son portfolio se présente sur 4 colonnes. Dans la première, il inscrit les disciplines qu’il a choisies pour le premier module de 6 semaines : ex : maths, économie, informatique, néerlandais, langues vivantes mais aussi : management et organisation (1h), ateliers pluridisciplinaires, activités optionnelles telles que journal du lycée ou création d’entreprise. Dans la deuxième colonne, il reporte les tâches facultatives et obligatoires qu’il doit effectuer, ainsi que ladate butoir. Dans la troisième colonne figurent les dates des contrôles, programmés pour lui personnellement (sur trois jours d’affilée, en fin de module de six semaines), le nom du professeur évaluateur, l’horaire, la durée de l’épreuve et le sujet. Dans la quatrième colonne apparaît lerelevé de ses aptitudes : ex. autonomie, communication, créativité, engagement, initiative...Ce type d’organisation préfigure en quelque sorte l’éducation tout au long de la vie et la vie professionnelle.


 

Dans son livre : "Virage européen ou mirage républicain? Quel avenir voulons-nous?", Nelly Guet démontre la sclérose du système éducatif français et fait des propositions européennes.